Si « parler » est un besoin, le faire avec un autre, selon Reine-Marie Halbout (coach et psychanalyste), c’est risquer sa pensée, accepter de s’ouvrir à d’autres visions, à d’autres expériences. A l’inverse, « écouter » n’est pas un besoin. Selon Patrice RAS (L’art d’écouter), écouter c’est davantage un effort dans le renoncement de sa propre expression. Ecouter, c’est se rendre disponible, faire de la place à celui qui s’exprime et c’est décoder les propos entendus sans porter de jugement. De plus, écouter, ce n’est pas savoir à la place de celui qui parle. Enfin, écouter, c’est un métier et un art qui s’apprend.
D’expérience, pour favoriser l’expression et l’écoute, il est nécessaire de mettre du cadre.
Pour être efficace, celui-ci doit être basé sur une confiance mutuelle entre l’exprimant et l’écoutant. En outre, l’écoutant doit configurer un environnement permettant à la personne qui s’exprime de se sentir à l’aise. Enfin, l’ensemble doit se dérouler dans un espace-temps mesuré pour, in fine, permettre l’émergence de solutions, de réponses etc…
En contre-exemple de ce qui devrait être offert à l’expression et à l’écoute, le film de Laurent Cantet, « L’atelier », me semble parfait.
Parfait, parce qu’il décrit clairement les risques pris par son jeune héros à s’exprimer, à livrer ses interrogations, ses doutes, ses visions, ses opinions auprès d’une auteure de romans policiers et de jeunes participants à un stage d’écriture. Des risques pris par ce jeune homme, dans l’objectif de se trouver, de se comprendre et de se construire.
Le problème ? L’espace qu’il croit ouvert au dire, ne l’est pas ! L’écoute est absente ! Enfin, l’Ego de la romancière, soit la représentation de la détention du « savoir », est tellement présent que le dialogue en est totalement faussé !
A ne pas reproduire, donc !
Alors certes, « parler », c’est prendre un risque et « écouter », c’est accepter de s’effacer momentanément au profit de l’autre. Mais, réaliser conjointement ces actions, c’est aussi partager « un espace commun de co-élaboration qui permet à chacun de gagner en confiance en soi et envers l’autre ».
Goethe s’impose comme conclusion : Parler est un besoin, écouter est un art.